lundi 5 mars 2018

Fore! de Aleshea Harris

C'est une fois encore un spectacle d'une forme inédite que met en scène Arnaud Meunier. Le texte est d'Aleshea Harris,une jeune auteure américaine dont l'univers est autant marqué par les films de David Lynch ou de Quentin Tarantino que par les séries qui défilent triomphalement sur les écrans et des musiques dont le rythme éperdu grise les sens. Les acteurs issus les uns de l'Ecole de la Comédie de Saint Etienne, les autres du California Institute of the art de Los Angeles ont tous moins de 25 ans et jouent en anglais (le spectacle est évidement surtitré en français) Ils sont au départ répartis sur deux niveaux. En bas se retrouvent autour d'une table les membres de la prospère famille des Atrides. Agamemnon, le père, est un homme confit de certitudes qui se targue d'avoir assassiné des centaines de sauvages, Clytemnnestre, sa femme paraît être une épouse et une mère soucieuse d'apaiser les tensions, Oreste le fils adolescent, est au régime végane et joue du violoncelle. Il introduit dans sa famille Jackie, une jeune femme qui va venger les siens. Retranchés à l'étage, les Halburton, actuels dirigeants du pays n'en mènent pas large. Affamé le peuple s'est soulevé et les menace. Depuis que sa femme aux idées progressistes qui était à la tête de l'Etat a reçu une balle dans la nuque et vit, privée de paroles, dans une chaise roulante, Edward son mari, lui a, sans enthousiasme, succédé. Il est nouvelles de son pilote de fils parti à la guerre. Anna, sa fille n'a de passion que pour les armes à feu. Il y a donc pour tous de quoi s'inquiéter. La pièce joue avec les mythes fondateurs pour faire entendre combien la réalité est mouvante. Le spectacle ne se destine pas à produire du sens mais au contraire à le troubler. Il apparaît de ce fait - en évoquant des populations toujours davantage appauvries, des tirs à bout portant sur des êtres dont on ne partage pas les opinions ou les croyances et les massacres perpétrés par des possesseurs de flingues - furieusement en prise avec un temps où la carte du pire n'arrête de s'étendre. Une production qui, tant par l'audace de son propos et de sa mise en scène que par le jeu d'une grande sureté de ses très jeunes comédiens, doit à tous prix être découverte. Jusqu'au 10 mars Théâtre de la Ville - Les abbesses tél 01 42 74 22 77, les 14 et 15 mars Théâtre National de Nice

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