samedi 8 octobre 2016

Vania d'après Oncle Vania de Tchekhov.

Récent administrateur de la Comédie-Française, Eric Ruf fait fréquemment confiance à de jeunes metteurs en scène. Ce qui est le cas de Julie Deliquet qui a, avec tact, élagué la pièce de Tchekhov, lui a ôté les aspects qui appartiennent à la vieille Russie. Le climat tendu qui règne parmi les habitants de la propriété campagnarde reflète du coup la folie ordinaire des familles. Pas étonnant donc que les personnages s'étreignent, s'écharpent, se sentent rejetés. On est d'autant plus sensibles à leur difficulté d'être qu'un dispositif bifrontal nous les rend particulièrement proches. Les spectateurs sont donc tout du long suspendus à leurs gestes et paroles. Si Vania, qui depuis des lustres s'occupe avec Sophia, sa nièce, du domaine, a le plus grand mal à supporter Alexandre, le mari de sa défunte soeur, un professeur à la retraite perclus de vanité, c'est que le bonhomme s'est remarié avec Elena, une femme dont le charme, la lucidité et l'indolence l'ont rendus fou d'amour. Alors que Vania perd la tête, sa nièce, toute aussi mal lotie, s'est éprise d'Astrov le jeune médecin de la région qui n'a, lui, d'yeux que pour Elena. Les personnages de Tchekhov sont tous des coeurs irrémédiablement solitaires. Ils ont les traits de Laurent Stocker, Florence Viala, Hervé Pierre, Stéphane Varupenne, Anna Cervinka tous à leur meilleur. Comme le sont également dans des rôles de plus petite envergure Dominique Blanc et Noam Morgensztern. La traduction de Tonia Galievsky et de Bruno Sermonne aussi riche de trouvailles langagières que fidèle à l'esprit de l'auteur contribue enfin largement a donné à ce Vania une troublante puissance émotionnelle. Jusqu'au 6 Novembre Vieux-Colombier tél 01 44 39 87 OO/01

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