lundi 11 avril 2016

L'opéra de quat'sous de Bertold Brecht. Musique de Kurt Weill

On croyait le théâtre de Bertold Brecht sur le point de tomber aux oubliettes. Le spectacle concocté par Joan Bompart et sa troupe de comédiens-chanteurs et de musiciens apporte la preuve qu'il n'en est rien. Dépouillée du pittoresque dont on l'affuble d'ordinaire, cette pièce, que Kurt Weill parsema de chansons d'un lyrisme grinçant, apparaît, comme un geste d'opposition de son auteur aux possédants de son époque. Nos temps n'étant pas particulièrement doux aux miséreux il était avisé de la réactualiser. Ce qui est fait avec un entrain jubilatoire. Le public assiste émerveillé aux combat qui oppose Peachum, le roi des mendiants, au caïd Mackie, lequel est du dernier bien avec le chef de la police. Il est clair que si Mackie est surnommé le sérineur c'est qu'il s'y entend pour faire saigner le peuple. Plusieurs femmes se disputent cet homme persuadé que tout et tous s'achètent. Ce qui nous vaut des scènes délicieusement canailles. Tel le duo chanté de Polly et Jenny, qui, pareillement persuadées d'être la femme du bandit sans honneur, se dressent l'une contre l'autre. C'est avec la même hargne résolue que, tout au long du spectacle, sont interprétées les mélodies composées par Weill. Jouant, pour la plupart, quantité de rôles les comédiens changent constamment de tenues comme de perruques et de maquillages. C'est ainsi que des mendiants abandonnent en un clin d'oeil leurs hardes pour adopter une dégaine de fille des rues. Brecht laissa les metteurs en scène choisir entre les deux fins qu'il avait envisagé. Joan Bompart conclu, pour sa part, la représentation par un deuxième final d'un grotesque digne des caricaturistes allemands des années 20 et 30. Ce qui ajoute à notre ravissement. Jusqu'au 14 avril Théâtre 71 Malakoff tél 01 55 48 91 00 Puis en tournée notamment les 2 et 4 mai Les 2 Scènes - Scène Nationale de Besançon et le 24 mai Théâtre de Corbeil-Essonnes.

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