vendredi 29 mai 2015

La maison de Bernarda Alba de Federico GarciaLorca

Au retour de l'inhumation de son second mari Bernarda Alba annonce à ses cinq filles que débutent huit années de deuil. Seule Angustias, l'aînée, fruit du premier mariage de sa mère, n'aura pas à connaître la monotonie de la claustration. Comme à l'inverse de ses soeurs elle possède des biens, elle ne tarde pas à être demandée en mariage par Pepe le Romano, le plus beau gars du village attiré en réalité par Adela, la benjamine de la maisonnée. La chaleur qui règne tout au long de l'été andalou exacerbe les tensions. Travaillées par leur libido, les filles soumises aux ukases de la matriarche prennent conscience, comme le dit l'une d'entre elles, du malheur d'être femme. A l'heure où dans de si nombreuses contrées triomphent des discours rétrogrades, l'oppression des femmes est un sujet d'une brûlante actualité. Alors qu'il y a quelques années encore La maison de Bernarda pouvait apparaitre comme une pièce évoquant des moeurs d'un autre âge, il n'en va plus de même. D'autant que la traduction de Fabrice Melquiot fait la part belle à des dialogues cinglants. Lilo Baur, qui, elle, est à la manoeuvre, a eu l'heureuse idée de laisser apparaître en fond de scène la façade de la maison où les filles aux désirs inassouvis captent à travers les fentes des jalousies des images d'une vie qui leur est interdite et peuvent exciter leur jalousie. Plus encore que dans les autres pièces de Lorca le désir est ici chauffé à blanc.Ce qu'il démontre à travers une scène où alors que les femmes sont à table, elles entendent l'étalon qui, frustré de la présence d'une pouliche, frappe violemment du sabot. Avec toute la férocité de sa vertu Bernarda (Cécile Brune) fait suinter dans cette demeure au climat mortifère le plus criant des obscurantismes. Ses victimes sont et ses filles et l'une de ses servantes dont elle a réussit à faire son informatrice. Des comédiennes qu'il faudrait toutes citer jouent à merveille ces femmes de tous âges empêchées de respirer. Jusqu'au 25 juillet Comédie- Française Salle Richelieu tel O8 25 10 16 80

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