mercredi 11 février 2015

Les estivants de Maxime Gorki

A l'instar de Tchekhov, Gorki dépeint ici une société de gens aisés (mais parfois issus de milieux modestes) dont les paroles sortent en flot. Mais il n'est pas comme l'auteur de La mouette attendri par tous ses personnages. Il n'éprouve de sympathie que pour ceux qui jugeant leur vie insipide ont soif de changements. Ils sont une dizaine qui se réunissent chaque été dans la propriété d'un homme de loi un brin véreux. Certains, d'humeur querelleuse, s'empaillent volontiers. L'un se délecte à s'enfoncer dans un marécage d'émotions, un autre se montre d'un cynisme qui ne peut que révolter une doctoresse à laquelle importe le sort des défavorisés. Cet humanisme militant est bien sûr celui de l'auteur avant la Révolution d'Octobre. En faisant de cette femme une passionaria aux discours trop enflammés c'est, on peut le supposer, de lui même qu'il se moque. Les artistes ne sont pas mieux lotis. La poétesse vit dans un monde qui n'existe que dans son imagination aussi débordante que fleur bleue. Un écrivain vénéré par la maîtresse de maison se révèle un piètre humain. Au fil des jours des ambitions nouvelles jaillissent, des amitiés décroissent, des amours naissent peut être sans lendemains. Comédien d'immense envergure, Gérard Desarthe se veut aussi depuis quelques années metteur en scène. Si la distribution est si parfaitement à l'unisson, c'est évidement qu'il a poussé chacun à son meilleur. Ses partenaires ne nous en voudront pas si l'on met l'accent sur l'interprétation de Sylvia Berger qui a peu fréquemment eu une telle occasion de montrer la finesse de son jeu. Jusqu'au 25 mai Comédie - Française Salle Richelieu tel 08 25 10 16 80

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