samedi 11 mai 2013

Oblomov de Ivan Alexandrovitch Gontcharov

Oblomov, descendant d'une famille de la noblesse russe mène une existence  retranchée, on pourrait même carrément dire assoupie.Il passe, c'est vrai, le plus clair de son temps  réfugié dans le sommeil. Ses songes le ramènent à Oblomovska, la maison de son enfance dont  le metteur en scène Volodia Serre a eu l'heureuse idée de faire découvrir l'aspect cossu et les proportions appréciables dans un film vidéo projeté en fond de scène. Zakhar qu'il appelle dès qu'il ouvre l'oeil est sa seule compagnie, son souffre douleur mais surtout une sorte de nounou qui est à ses côtés depuis qu'il est né. Ces deux hommes qui ne cessent de s'asticoter visiblement s'adorent.  Stolz, un ami de jeunesse, venu rendre visite à Oblomov va employer toute son énergie qu'il a importante à tenter de le ragaillardiser. On apprend ainsi qu'avant de vivre étendu sur son canapé rideaux tirés le bonhomme débordait de vitalité.

A Stolz, incarnation de l'homme nouveau, qui lui vante les vertus d'une vie hyper-active, Oblomov n'a aucun mal à lui en démontrer l'inanité. Cette discussion raisonne avec une singulière force à une époque, comme la nôtre, où l'impératif de réussir  a pris des proportions si effarantes. Seule le fera sortir de son inertie résolue et lui mettra le coeur à vif, l'apparition de Olga Sereïevna. Entonnant d'une voix qui lui met les larmes aux yeux Casta diva, sublime aria tiré de la Norma de Bellini, la jeune fille lui apparaît, - comme le personnage de l'opéra - capable  d'adoucir ses tourments. Ce qui est évidement démesuré.

Créée par Ivan Alexandrovitch Gontcharov (1812 -1891) le contre - héros  Oblomov est devenu une figure incontournable de la littérature russe, une sorte d'incarnation de ce que l'on appelle l'âme slave. Comme le feront les personnages de Tchekhov (qui avait pour son aîné une immense admiration) Oblomov rêve davantage sa vie qu'il ne la vit. On se souvient que les Trois soeurs rêvent d'un Moscou qui n'existe que dans leurs souvenirs.

Volodia Serre a su pousser les comédiens au meilleur d'eux-mêmes. Guillaume Gallienne impose un Oblomov d'une saveur exceptionnelle. Son jeu aux ruptures toutes en finesse est celui d'un immense interprète.  Yves Gasc, revenu jouer au Français dont il fut l'un des acteurs phares, compose un Zakhar d'une truculence égale à celle de son "maître". Quant à Marie - Sophie Ferdane, qui a la tâche difficile de jouer une femme de rêve mais aussi un être d'une implacable lucidité, elle est d'une prestance qui ne peut s'oublier.

Jusqu'au 9 juin Théâtre du Vieux Colombier tel 01 44 39 87 00/01

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