mercredi 10 avril 2013

Les revenants d'Henrik Ibsen

Comme grand nombre d'écrivains et de cinéastes nés dans les contrées  du nord de l'Europe - citons parmi eux Stig Dagerman, Dreyer, Bergman mais aussi nos contemporains Lars Nören et Jon Fosse- Ibsen n'a eu de cesse d'explorer les abimes de l'âme ou si l'on préfère de la psyché. C'est peut être dans sa pièce "Les revenants" qu'il approche de plus prés les tumultes intérieurs de ses personnages.
La veuve Alving qui a recueilli Régine, la fille du menuisier du village, reçoit  pour un temps indéterminé la visite d'Osvald,  son fils, parti faire une carrière artistique et mené une vie de patachon à Berlin.  L'arrivé au même moment du pasteur Mandres avec lequel elle entretient depuis de nombreuse années une relation complexe va la pousser à repêché dans les tréfonds de sa mémoire des souvenirs cuisants. En quelques heures les évènements vont se précipiter et chacun aura à se battre contre des fantômes dont il ignorait la présence et le pouvoir.  La violence pulsionnelle de l'honorable veuve et de ceux qui l'entourent laissera le spectateur - tout informé qu'il puisse être de nos assujettissements à des forces inconscientes - interdit.
L'allemand Thomas Ostermeier, qui a su avec constance rénové les canons de la mise en scène, fait montre quand il se mesure à Shakespeare d'une virtuosité époustouflante, quand il s'attaque à Ibsen d'une profondeur de vue qui nous fait découvrir combien l'univers de cet auteur trouve des résonances en nous. Il a pu, c'est clair,  disposé de larges moyens financiers. Qu'il a utilisé à bon escient. Son spectacle scintille d'instants magnifiques. En priorité ceux où Valérie Dréville et Eric Caravaca forment le plus monstrueux et irradiant des couples mère-fils.
Cette adaptation modernisée par Ostermeier lui même et Olivier Cadiot est créée au Théâtre Nanterre - Amandier  dont Jean-Louis Martinelli, le directeur, vient d'être remercié par la ministre de la Culture. Sans doute ignore t'elle qu'il est, entre autres qualités, l'un des rares metteurs en scène placés à la tête d'un théâtre de la banlieue parisienne dont la programmation concerne autant les populations qui vivent au delà du périphérique que les parisiens...
Jusqu'au 27 avril Théâtre Nanterre-Amandier  tel 01 46 14 70 00

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