samedi 25 juin 2011

Les brigand de Jacques Offenbach

Disons le d'emblée Les Brigand n"est pas mais alors pas du tout de la qualité de La vie parisienne du même Offenbach. Si cet opéra bouffe appartient aux forces vives de la culture française et que le public se réjouit en écoutant des rengaines populaires dont il est familier depuis l'enfance, il aurait - il suffit d'écouter les commentaires durant les entractes - su gré à Macha Makeïeff et à Jérôme Deschamps, les deux maîtres d'oeuvre, d'élaguer un texte long et répétitif.

Par ailleurs, on en est averti depuis belle lurette, les responsables de l'Opéra comique qui s'étaient déjà dans les années 90 attaqués à ces Brigands obsédés par les pépètes mais finalement bons gars, dirigent de main de maître leurs acteurs-chanteurs. La forte identité des costumes contribue, elle aussi, à la presque réussite de l'entreprise.

On le sait pertinemment :là où les deux metteurs en scène sont le plus à leur affaire est lorsqu'ils tournent les situations en dérision. Il est deux scènes : celle de la maréchaussée abonnée aux mauvaises pioches et celle des espagnolades où un faux hidalgo fait la roue suffisent à se payer des tranches de rire.

Un spectacle plaisant mais qui ne laissera, à l'exception de scènes particulièrement truculentes, guère de souvenirs.

Jusqu'au 5 juillet Opéra Comique tel O8 25 01 01 23

dimanche 12 juin 2011

De beaux lendemains de Russel Banks

L'enfer est, on nous l'a répété à satiété, pavé de bonnes intentions. Il suffit pour en être à jamais convaincu d'assister à une représentation de "Croisades" de Michel Azama que jouent "comédiens" palestiniens et israéliens pour être convaincu que la générosité d'un propos n'empêche pas qu'on soit dès les premièrs instants face à un spectacle hurlant de ringardise. Il en va tout autrement de l'adaptation pour la scène qu'a réalisé Emmanuel Meirieu du roman de Russell Bank "De beaux lendemains" à propos duquel le mot chef d'oeuvre n'est pas déplacé.

Dans une région de l'Est américain saisi par un hiver rigoureux, un car scolaire verse dans un ravin. Quatorze vies d'enfants sont abolies. La pièce est, comme le roman, composé de quatre témoignages de personnes que la tragédie a laissée dans un marasme dépressif. Il s'agit de la conductrice du bus, d'un père envahi par sa mémoire et son corolaire la culpabilité, d'un avocat new yorkais venu défendre les parents des victimes alors qu'il a lui-même été acteur d'une affaire méandreuse et une adolescente que l'accident a laissée handicapée. Plus que de la catastrophe qu'elle vient de vivre elle se remémore combien elle a été victime de la sexualité déjantée de son père, un homme respecté dans la communauté.

Il fallait pour permettre aux spectateurs d'entrer dans la forêt des pensées de ces êtres au bord de l'effondrement psychique un casting de premier plan. Ont donc été choisis des acteurs de la force et de la singularité de Catherine Hiegel, Carlos Brandt, Redjep Mitrovista et Judith Chemla qui entonne d'une vois séraphique une chanson qui nous laisse une ombre au coeur.

Commence pour tous quatre mais aussi pour tous ceux touchés par la tourmente l'appréhension face à des lendemains inconnus

De beaux lendemains Jusqu'au 26 juin Théâtre des Bouffes du Nord tel 01 46 07 34 50
Croisades Jusqu'au 3 juillet Salle de répétition du Théâtre du Soleil tel 01 43 74 24 08

mardi 7 juin 2011

Loin d'eux de Laurent Mauvignier

Nombreux sont les passionnés de littérature qui considèrent - selon moi à juste titre - que Laurent Mauvignier est, du fait de sa voix discordante, l'un des seuls écrivains français digne de cette appellation.

Chacun des membres d'une famille affronte à sa manière cette sévère épreuve sentimentale et psychique qu'est le suicide d'un adolescent. Chacun tente d'expliquer la tristesse sans recours qui était celle du disparu. Celui-ci, comme ses proches, prend lui-même la parole. Celle-ci passe d'une bouche à l'autre. Mais de ce concert de mots la seule réponse qui apparaisse est que la vérité est par nature inconnaissable.

On savait Luc ulcéré par la soumission des siens à l'ordre établi. On se souvient de lui alors que drapé dans la bannière de la colère, il manifestait aux côtés des perdants de l'Histoire.Il appartenait pour son malheur, à une génération qui avait abjuré ses rêves de lendemains qui chantent. Ce qui est loin d'expliquer le geste de ce garçon d'origine prolétaire qui le commis sans doute à la suite d'un désastre intime. Peut-être, mais rien n'est sûr, le mariage de sa cousine, l'unique personne avec laquelle il se sentait de connivence. Seul semble évident que ce sont les mots, les secrets enfouis au plus profond qui auront eu raison de lui. L'absurde des remarques parfois provoque des rires. Que les uns trouvent salutaires, les autres gênants


Seul sur un plateau d'une impressionnante vastitude, Rodolphe Dana a le physique massif de ceux qu'on appelle les gens du peuple. Si ses mots manquent parfois d'intensité, s'il ne montre pas encore assez les failles de ce monde endeuillé, il ne fait pas de doute qu'il arrivera à ôter la carapace qui le protège pour montrer davantage la fragilité de ceux qui apprennent combien pèse lourd le passé des morts.

Jusqu'au 1er juillet 21h Théâtre de la bastille tel 01 43 57 42 14