lundi 11 avril 2011

Le gorille d'après Kafka

Dans La Métamophose Kafka s'identifie à un homme qui, un matin se découvre transformé en repoussant insecte. Dans, la nouvelle "Rapport pour une académie", il imagine un parcours à rebours. Après avoir été atteint de deux balles, un gorille est capturé au fin fond d'un lointain continent . Il est embarqué sur une bateau en partance pour l'Europe et enfermé dans une cage. A l'arrivée il a le choix de couler des jours lugubres dans un zoo ou de se produire dans un music hall. Il opte pour la seconde solution. Mais il lui faudra pour que cette marchandisation de l'animal qu'il est soit lucrative acquérir la parole, autrement dit se transformer en homme.


Devenu un individu prospère, il tente de se fondre dans le paysage, c'est-dire dans la jungle des humains. dont il découvrira sans tarder la dangerosité. Convoqué devant les augustes membres d'une académie, il exprimera, vent debout, son inadéquation au monde de ceux que l'écrivain Vercors surnomma Les animaux dénaturés.

L'homme-singe, que joue seul en scène, Brontis Jodorowsky, a la mémoire longue et les sens insurgés. On sait que le déracinement produit des pathologies sociales. Ce qui est vrai pour les humains, l'acteur en fait avec une puissance explosive la démonstration, l'est aussi pour ceux qui appartiennent au règne animal. Il ne connaître l'apaisement que dans les bras d'une petite guenon. Mais le regard d'animal domestiqué de son élue finira par lui porter sur les nerfs. Ce n'est que dans l'éructation qu'il puisera la force de faire face à ses ténèbres.

L'adaptation et la mise en scène de ce spectacle, qui fut joué avec succès il y a quelques mois et est repris aujourd'hui, sont l'oeuvre d'Alejandro Jodorowsky, artiste multidisciplinaire et père du comédien.

Petit Monparnasse tel 01 43 22 77 74

P.S. On apprend avec consternation qu'Olivier Py, à la tête du Théâtre de l'Odéon a été sommé de dégager. Etant nommé par Renaud Donedieu de Vabres on imagine très bien que ce dernier n'étant pas dans les petits papiers des dirigeants actuels, son protégé en a fait les frais. On peut ne pas apprécié Olivier Py, déploré la manière cavalière dont il a congédié certains collaborateurs de son prédécesseur Georges Lavaudant (notamment le remarquable Alain Desnot) mais on ne peut lui reprocher d'avoir failli à sa tâche. Sa programation mêlant anciens et modernes , français et étrangers est exemplaire. Luc Bondy qui occupera ses fonctions est un homme de théâtre estimé. Pourquoi dès lors ne pas lui avoir donné les rênes du festival d'Automne où Alain Crombecq n'a toujours pas de successeur?

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