dimanche 13 juin 2010

Lorenzaccio d'Alfred de Musset

C'est sous un chapiteau, espace de communion qui rappelle les spectacles populaires d'antan que Claudia Stavisky nous fait redécouvrir le grand oeuvre de Musset sur lequel le temps visiblement n'a pas prise.Il faut reconnaître que la metteuse en scène et ses conseillers en ont fait une adaptation où il ne reste trace de son ton parfois verbeux mais qui scintille de phrases foudroyantes

Ceux qui la connaissent se souviennent que la pièce se situe à Florence sur laquelle règne un Duc de Médicis travaillé par ses hormones qui y mène une vie festive et dévoie les conscience ou fait occire ceux qu'excédent son absence de scrupules.Il forme avec Lorenzaccio, son favori, un capiteux tandem. Ce complice qui s'y entend pour satisfaire ses appétits sexuels mais s'évanouit lorsque l'une des victimes de ses réparties narquoises brandit une épée, se roule dans l'abjection dans le seul but de gagner la confiance du tyran. Ce qui est chose faite.

Comédiens au talent bien trempé, Thibaut Vinçon (Lorenzo) et Alexandre Zambeaux (le Duc) donnent à leurs personnages au tempérament si opposés des interprétations saisissantes. Leurs partenaires sont à la hauteur, en particulier Jean-Marc Avocat qui incarne le cardinal Cibo dont les airs d'homme d'église ne permettent pas de deviner qu'il n'est qu'intrigues. Ah! cette scène où il ordonne à la femme de son frère, qu'il a vu dans les bras du Duc, de le relancer. Ou cette autre bien différente et délicatement équivoque où le despote et Lorenzaccio, dont la jeunesse, dit-il, fut pure comme l'or, dansent enlacés

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Son orientation pessimiste interdit à Lorenzaccio de se bercer d'illusions sur l'avenir. Il sait , à l'inverse de ceux qui se font appelés les Républicains, que succédera à la place de la canaille qu'il s'apprête à assassiner un individu fait du même bois. Les hommes dit-il ne sont pas méchants mais lâches et indifférents. On ne le contredira pas, nous qui sommes témoins de tant de reniements politiques...

Ce spectacle qui littéralement nous harponne a été produit par la ville de Lyon et le Conseil Général. Ils ont tout lieu de s'en glorifier.

Jusqu'au 26 juin Théâtre des Célestins 69 Lyon tel Tel 04 72 77 40 00 Les représentations se donnent au Site du Château de Gerland, 186, rue de Gerland

1 commentaire:

Minyu a dit…

Je l'ai vue il y a un peu plus d'une semaine dans la même mise en scène mais jouée en russe, par les comédiens du Maly Drama Théâtre de St Pétersbourd et... Mon dieu que c'était beau ! Les trois heures passent à une vitesse folle, et j'aurais aimé pouvoir la voir une seconde fois...