samedi 5 juin 2010

Les âmes mortes d'après Gogol

Alors que les fins de saison sont généralement lugubres, il en va tout autrement cette année. Ainsi ces Ames mortes, oeuvre monumentale de Gogol traduite avec son incomparable inventivité par André Markowicz et que propose, avec pour tout décor quelques misérables tables , chaises et tonneaux, le metteur en scène russe Anton Kouznetsov qui a depuis peu installé ses pénates en France.


Fréquemment adapté pour la scène -notamment par Adamov - le roman est dans le droit fil du Revizor qui révèle les tares des notables d'une bourgade qui croient avoir à faire à un puissant. Le personnage clé est ici Tchitchikov (Laurent Manzoni irréprochable) qui au contraire révèle le goût du lucre des propriétaires terriens auxquels, pour des raisons qu'on ne dévoilera pas, veut acheter les âmes des serfs morts depuis peu mais dont le décès n' a pas été déclaré. Pour ce faire il serpente entre des personnages tout aussi pittoresques qu'effrayants d'inconscience morale. Ces canailles sont toutes jouées par Hervé Briaux dont on n'a plus à vanter l'extraordinaire brio. Vera Ermakova, une jeune comédienne russe, complète la distribution. Douée d'une riche nature, elle incarne une kyrielle de rôles dont ceux d'une vioque et d'une servante qui ne craint pas de dire son fait à son patron, une sorte d'Harpagon qui porte avec énergie son grand âge.Il faut ajouter qu'elle chante divinement tant en italien que dans sa langue natale.


Acheter et vendre des biens virtuels, comme on dit aujourd'hui est pour l'auteur le comble de l'infamie. Par les temps cyniques qui courent c'est devenu monnaie courante. Lorsqu'il sent le vent du boulet, Tchitchikov prend les jambes à son cou. Il attendrait aujourd'hui qu' un nouveau scandale fasse oublier celui dont il est l'instigateur.


Jusqu'au 29 juin MC93 Bobigny tel 01 4& 60 72 72.

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