vendredi 2 avril 2010

Quai Ouest de Bernard-Marie Koltès

Vieillir c'est interdit est-il écrit dans le Talmud. Bernard-Marie Koltès illustre on ne peut mieux ce précepte, lui dont l'oeuvre conserve une inaltérable jeunesse. Ainsi ce Quai Ouest qui débute par l'arrivée dans un quartier dont les habitants "vivent comme des pauvres chiens oubliés dans le noir" d'un homme qui cherche à se faire dézinguer. Il s'est fait conduire en voiture par une harpie qui n'hésite pas à dire que pour faire disparaître cette enclave du quart monde, il suffit de pousser les propriétaires à hausser les loyers.


Koltès avait une prédilection pour les individus qui ont divorcés du corps social. S'ils n'entretiennent entre eux que des relations conflictuelle, ils semblent tous être aussi aptes à semer le chaos. Peut être, comme l'écrit l'auteur à sa façon drue et poétique, pour la bonne raison qu'ils n'ont pas le moindre rêve. Il fallait après Patrice Chereau qui a monté cette pièce avec le bonheur que l'on sait, trouvé un nouvel angle d'attaque. Ce qu'a réussi le jeune Rachid Zanouda dont notamment deux scènes resteront à jamais ancrées dans les mémoires, l'une où une femme chante dans sa langue amerindienne natale une mélopée qui retourne les sangs , l'autre où deux des acteurs principaux dansent jusqu'à l'épuisement sur une musique qui semble venue du fond des âges. Le metteur en scène a trouvé avec Marie Payen, Jean Sukama-Bamba , Vincent Guédon (d'un talent décidément affolant) et leurs partenaires, qui aucun ne démerite, des interprètes qui n'ont aucun mal à faire croire qu'ils vivent dans des galetas.

Une fois de plus le Théâtre National de Bretagne apporte la preuve que l'audace paye. La salle est comble et enthousiaste alors que le spectacle ne s'attache qu'à des personnages partis à la dérive.

Jusqu'au 8 avril Théâtre National de Bretagne tel 02 99 31 12 31
Comédie de Caen les 20 et 21 octobre

Aucun commentaire: