mardi 21 avril 2009

Toâ de Sacha Guitry

Lorsqu'il écrit Toâ en 1949, nouvelle mouture de Florence qu'il monta dix ans plus tôt, Sacha Guitry a perdu de sa superbe. Il n'est plus le séducteur infatigable et prolixe de ses pièces d'avant-guerre. Bien qu'il n'ait jamais été en délicatesse avec l'occupant et qu'il il continua durant toute la guerre à mettre en scène pièces et films, personne n'apporta jamais la preuve qu'il collabora. Ce qui n'empêche pas qu'a la suite de dénonciations, il fit deux mois de prison à la Libération.  Aujourd'hui il connaît la solitude du créateur et, comme il l'a fait, tout au long de sa longue carrière, il transpose sa vie privée dans ses pièces et fait preuve en matière d'états d'âme de plus de sincérité. 
Alors qu'il se laisse aller à des propos pétillant d'esprit dans un salon calqué sur celui de son propre hôtel particulier une femme assise dans la salle le prend à partie. On apprend bientôt qu'il s'agit d'une de ses anciennes conquêtes avec laquelle il a arrêté tout commerce. Le voilà bien penaud. Son ex amie montera heureusement sur la plateau et  fera la paix avec celui qui fut son amant
C'est  merveille que de voir un jeune metteur en scène s'emparer d'une pièce d'un homme qu'on considérait comme un paraguon de futilité, pire : comme un champion du bon mot. Thomas Joly, qui monta la saison dernière avec les mêmes partenaires Arlequin poli par l'amour, de Marivaux  ne se contente pas de mettre en scène la pièce, sans doute l'une des meilleures des 155 écrites par son auteur, comme le faisait habituellement  le maître et mais s'attribue aussi comme  il en avait coutume  le rôle principal. Mais alors que Guitry parlait d'une voix posée et bien articulée comme il était de mise à son époque (voix que l'on entend à la fin de la représentation qui se termine par un monologue de Debureau, une autre de ses pièces les plus prestigieuses), Thomas Jolly, comme ses acolytes ont adopté le jeu vif en vigueur de nos jours. Toâ non seulement n'y perd rien mais apparaît, du coup, d'une modernité résolue.  
On ne peut que se réjouir de constater qu'Olivier Py a retenu ce spectacle parmi ceux qu'il présente sous peu dans son festival de jeunes metteurs en scène.
Bayeux Le 24 avril
Paris Théâtre de l'Odéon les 5 et 6 mai    
 

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